Le Futon Japonais

Le mot «futon» (布団) vient du japonais et signifie «literie». Les Japonais utilisent le mot «Shikibuton» (敷き布団) pour décrire le matelas que nous appelons en occident «futon». Le Japon est aujourd’hui le seul pays d’Asie à s’être aussi largement approprié ce type de couchage, et l’avoir intégré dans une tradition d’aménagement global de l’habitat.

Dans les intérieurs traditionnels japonais, le sol est entièrement recouvert de tatamis (planches de paille de riz et de natte de jonc tressées). La surface des pièces y est souvent calculée en fonction du nombre de tatamis aux dimensions fixes. Le futon est déroulé sur le tatami chaque soir au coucher, et rangé au lever dans un placard à porte coulissante appelés oshiire (押し入れ), ceci afin de libérer la pièce à vivre. 

C’est un matelas plat constitué de fibres de coton, d'une épaisseur de 5 à 10 cm et recouvert d’un tissu de coton ou de matière synthétique, voire des deux. Il est souvent vendu dans un ensemble comprenant le shikibuton, une couette (kakebuton :掛け布団) et parfois, un oreiller (makura:枕). Les oreillers sont traditionnellement remplis avec des haricots ou des perles en plastique.

L’histoire Japonaise du shikibuton, matelas futon

Pendant la période Nara (710-794), s’endormir sur un lit était un luxe dont seule la noblesse pouvait profiter. En général, les paysans couchaient sur des tas de paille, des nattes faites de paille et de plants de riz, ou directement sur le sol. Les plus anciens matelas connus sont arrivés de Chine au Japon à cette époque. En parallèle, le sol en tatami commence également à se développer.

Au cours de la période Heian (794-1185), la literie des classes supérieures était constituée de plusieurs tatamis empilés les uns sur les autres, appelés yaedatami (八重畳). Ces couches étaient proportionnelles au rang de la personne en question. Quant à l’oreiller, il s’agissait d’une pièce plus petite fabriquée dans le même matériau. Selon les références historiques et les illustrations de l’époque, le tatami ne recouvrait pas la totalité du plancher en bois et servait uniquement de surface de repos.

Il existe du coton au Japon depuis l’ère Heian, mais au début, sa culture ne donnait pas de bons résultats, le coton été donc un matériau de luxe et sa culture était peu développée.

Pendant la période Sengoku (1467-1615), la demande en coton a explosé toutefois la culture n’étant pas assez développée pour y répondre. Le coton étant alors encore cher et difficile à produire, il était principalement utilisé pour le matériel de guerre, très présente à cette période. Il servait aux mèches explosives des bombes et aux cordons à combustion lente pour allumer les fusils à mèche. Dans un deuxième temps, pour les drapeaux et les vêtements des soldats. Son utilité en tant que matériau textile pour les vêtements normaux était plutôt anecdotique tout comme pour les shikibuton.

Avec le début de la période Edo (1603-1868), plus apaisée, les demandes de coton pour la guerre ont diminué. Par conséquent, l’utilisation du coton commence à se généraliser peu à peu au sein de la population. Pour dormir, les gens ordinaires utilisaient des futons dits senbei (煎餅布団) qui contenaient si peu de coton qu’ils devenaient facilement durs et rigides. D’où cette appellation de senbei, qui constituait un hommage humoristique aux biscuits de riz japonais (craquants) du même nom. C’est pour accompagner ces futons qu’à cette même époque, comme il était d’usage de dormir nu ou simplement couvert des mêmes vêtements que ceux portés pendant la journée, l’augmentation de l’utilisation du coton a donc permit le développement de kimonos rembourrés pour dormir sur les senbei. Ces premiers pyjamas étaient appelés kaimaki futon (掻巻布団) et étaient parfois également confectionnés à partir de lin. Les jolis futons matelassés et rembourrés demeuraient des pièces exclusivement artisanales et très luxueuses. Ils n’étaient accessibles qu’aux classes supérieures de la société ou aux courtisanes les plus chères.

Aujourd’hui tout un chacun a son shikibuton en coton, il n’y a plus de matelas de paille.

Les futons arrivent en Amérique du nord

Dans les années 1970, un designer de meuble américain, William Brouwer, décide d’adapter le concept du futon ramener du Japon par des soldats. Voici la naissance du Brouwer Bed qui vient remplacer le lit «hide-a-way» (litt : lit caché), le seul lit convertible disponible à l'époque, un lit inconfortable et difficile à manipuler. Ces lits étaient utilisées pour les petites habitations qui manquaient de chambres, ils se transformaient en divan la journée pour la pièce à vivre. Le matelas futon offre un confort supérieur et un meilleur alignement de la colonne vertébrale que le matelas du « hide-a-way ». Posé sur un podium de lattes de bois pour ne pas dormir à même le sol, et articulé en plusieurs parties pour se replier en sofa, le Brouwer Bed permettait alors proposer un divan de jour avec une assise parfaite. Cette adaptation permet d’équiper les petits appartements du quartier de Boston où Brouwer réside. Le Brouwer Bed prend sa place dans la société américaine pour répondre à la fois aux exigences de prix bas, au manque de place en ville et aux habitudes de confort des américains. 

Parallèlement, sont étudiés des matelas à base de nappes de coton constituées de la partie inférieure des fleurs de coton, celle-ci étant beaucoup moins chère que la nappe de coton destinée aux textiles.

Très vite, en Amérique puis en Europe, des designers conçoivent et réalisent d'autres variantes du lit Brouwer à 3 plis, et des systèmes 2 plis proches des convertibles que nous utilisons actuellement.

Le futon d’aujourd’hui en Europe

Le futon est introduit en France à la fin des années 1980.

Les matelas en coton ont bien évolué et les authentiques futons 100% coton sont la base de déclinaison de gammes plus larges, destinées à une clientèle plus diversifiée. Les différentes combinaisons de futons (composés de coton et de couches intermédiaires de mousse, latex ou coco) ont permis de créer différents degrés de maintien et d'élasticité, selon les besoins de chacun. Les progrès réalisés dans leur fabrication permettent aussi de prolonger toutes leurs qualités naturelles pendant de longues années.

L’achat d’un futon aujourd’hui n’est plus seulement une raison budgétaire ou de limite de place, c’est aussi et surtout un choix éclairé pour un certain type de literie, naturelle et bénéfique pour le corps. En réelle alternative au matelas, le futon a trouvé sa place de choix sur un socle de lit complet (sommier à lattes et tatamis), pour les clients les plus exigeants en matière de confort et de qualité de sommeil.

 

En Occident, à la différence du Japon, les futons, au-delà de simples matelas, sont de véritables lits confortables, salons composés de fauteuils, banquettes, et canapés convertibles qui se sont invités au quotidien dans les habitats occidentaux. Ils allient sobriété et esthétique à de réelles qualités de literie haut de gamme.

En France et dans de nombreux pays d’Europe, la meilleur orientation du lit place la tête au nord. Cependant au Japon, orienter le futon tête au nord ne se fait pas car ceci est réservé pour la position du mort lors des veillées mortuaires à domicile. L’orientation est plutôt faite à l’est en Orient, car selon les principes du Feng Shui, cette direction apporte plus d’énergie et procure un réveil facile.